jeudi 20 février 2014


    France Astrig CHOUTEAU                   expose ses aquarelles et autres graffitis ...
     
     A l'office du tourisme du Col de l'Arzelier   (CHATEAU - BERNARD)

 Les mercredi, vendredi, samedi et dimanche, de 11 h à 12h30 et de 15 h à 17 h

 

Nu allongé



MASSACRE A CHARONNE



MASSACRE A CHARONNE
8 février 1962


Adossé aux portières, il observait les voyageurs monter par groupes. A mesure que le métro approchait de la Bastille, la foule se faisait plus dense. Du fond de la voiture, il pouvait tous les voir. Nul besoin de les interroger, c’est bien vers la même destination qu’ils se dirigeaient. Aux arrêts personne ne descendait. Beaucoup venaient en bandes, pancartes à la main, banderoles roulées sous le bras, vignettes agrafées au revers du manteau ou du veston. Ils échangeaient des réflexions joyeuses, parlaient un peu trop fort, tout emplis de cette exaltation anxieuse qui précède les manifestations.
Depuis quelques mois, Paris vivait dans une fébrilité inquiète. Les attentats de l'OAS ponctuaient de leurs explosions les nuits de la capitale. Leur liste s'allongeait de jour en jour. Monuments publics, personnalités connues pour leur opposition à la guerre d'Algérie, hommes politiques constituaient des cibles désignées. La conclusion imminente, inéluctable et logique du conflit par la reconnaissance de l'indépendance algérienne était devenue pour la majorité des français une évidence. L'exaspération désespérée de l'organisation ultra s'en trouvait poussée au paroxysme. Rejetée en France dans la clandestinité, elle ne trouvait pas le moindre soutien dans la population et tentait désespérément d'empêcher l'inéluctable par la terreur. En Algérie, le sang déjà séparait irrémédiablement les deux communautés, la française et l'algérienne. La métropole, tout au long du conflit, avait connu les attentats. D'abord, les algériens, règlements de compte entre organisations rivales. Maintenant, ceux de l'OAS, ceux de la dernière heure. Les français ne voulaient plus de cette guerre sans nom, interminable dont les conséquences avaient failli mettre en danger les institutions républicaines. Ils voulaient en finir.
L'OAS pourtant s'acharnait. Hier encore, la nuit avait retenti des explosions. Dix fois. Au matin, à la une de tous les grands quotidiens, le portrait défiguré d'une fillette, avait provoqué une houle de stupeur indignée. Une bombe aveugle, visant un ministre, avait frappé cette innocente. C'en était trop. Le visage ensanglanté de l'enfant avait bouleversé l'opinion et fait lever la colère.
La rame se vidait progressivement à l'approche du point de rassemblement. Sur les quais un flot continu se dirigeait vers les sorties. A la Bastille le train arriva presque sans voyageurs. Lui, était descendu à la station précédente, le c?ur un peu plus rapide qu'il ne l'aurait voulu. Il savait qu'il ne fallait jamais descendre à la station de métro du point de rassemblement car la police en bloquait souvent la sortie. Parvenu dans la rue, il constata qu'une forte concentration policière interdisait l'accès de la place de la Bastille et des rue adjacentes. Comme à l'habitude la manifestation avait été interdite, Maurice Papon, le Préfet de Police alors en place prétextant les entraves à la circulation ! La foule tournait le dos au barrage et s'écoulait calmement et silencieusement par le boulevard Beaumarchais, noir de monde, en direction de la République. Plus elle avançait plus elle devenait compacte. Les manifestants marchèrent bientôt au coude à coude. Les banderoles enfin déployées ponctuaient le flot de larges taches blanches et oscillantes. Bientôt les premiers slogans retentirent.
Il était maintenant au c?ur du cortège mais l'impression d'enfermement que lui donnait la foule le rendait mal à l'aise. Son regard ne portait pas au-delà des rangs qui le précédaient immédiatement. Il résolut de s'extraire du défilé et de continuer sa marche sur le trottoir où la masse était moins dense. Il ne criait pas avec les autres.
La nuit était tombée, ajoutant à la tension. Au bout de quelques centaines de mètres le cortège ralentit soudain puis s'immobilisa. D'autres manifestants, qui les avaient précédés, formaient barrage. Derrière eux, rang après rang, la masse s'accumulait sur toute la largeur du boulevard. Se haussant sur la pointe des pieds, il aperçut, loin devant le barrage de police qui les bloquait. Sur plusieurs rangées les policiers faisaient face aux manifestants. On s'affrontait du regard, poitrine contre baudrier, aucun espace libre ne séparant les uns des autres. Il vit que les organisateurs de la manifestation tentaient de parlementer avec les commissaires. Les casques luisaient dans la lumière jaunâtre des lampadaires. Au harnachement, il crut reconnaître des gardes mobiles, mousqueton à l'épaule, cartouchière à la ceinture. Plusieurs rangées de véhicules en chicane en travers du boulevard, derrière les gardes faisaient office de point d'appui et constituaient un obstacle quasiment infranchissable. La foule continuait de se masser en un flot continu et, inconsciente de la présence policière, exerçait une pression de plus en plus forte sur les premiers rangs. Insensiblement, le barrage reculait. Ceux qui se trouvaient à son contact ne parlaient plus. Plus un cri, plus un slogan. Cet affrontement silencieux avait quelque chose d'impressionnant et d’angoissant qui laissait pressentir le drame imminent. Les gardes avaient saisi leur fusil à deux mains, par le canon et la crosse, et le tenaient horizontalement bras tendus devant eux pour tenter de freiner la progression de la foule grossie à chaque instant de centaines de nouveaux manifestants. Les rangées se pressaient les unes contre les autres, créant une marée où ondulaient banderoles et drapeaux. Ceux qui loin derrière ne pouvaient distinguer la tête du cortège continuaient leur poussée sans cesser de crier des mots d'ordre. "Paix-en-Algérie", "OAS-SS", "Le-fascisme-ne-passera-pas !"
Les policiers avaient reculé de plusieurs mètres. Sous la pression ils avaient du mal à maintenir l'ordre de leurs rangs et leurs lignes arrières se trouvaient maintenant acculées contre les camions sans retraite possible. Le barrage menaçait de céder. Officiers et inspecteurs manifestaient une évidente nervosité.
Au plus fort de la poussée un ordre retentit, incompréhensible et brutal. Une lumière bleue extrêmement violente émise par une batterie de projecteurs braqués sur le cortège aveugla tout le boulevard. Surprise, la foule hésita et relâcha sa pression et les premiers rangs tentèrent de refluer, trop tard. La charge aussitôt ordonnée, les gardes mobiles saisirent leur mousqueton par le canon et avancèrent, d'abord au pas puis en courant. Les manifestants les plus avancés, bloqués par ceux qui les suivaient furent dans l'impossibilité de reculer. La charge les faucha, les renversant les uns par dessus les autres. Les gens par dizaines, surpris s'effondraient sous les coups de crosses, le visage ensanglanté. Le bruit des chocs contre les crânes résonnait horriblement. Utilisé comme matraque le mousqueton occasionnait d'impressionnantes blessures. Systématiquement et méthodiquement pourchassés, acculés dans les portes cochères, hommes et femmes s'écroulaient au sol les mains maladroitement croisées sur la tête pour se protéger des coups. Beaucoup restaient à terre, blessés, au milieu de minces rigoles de sang.
La charge avait dégagé un large espace devant elle, ce qui avait permis au reste de la manifestation de se ressaisir et de refluer en meilleur ordre. Des trottoirs la foule conspuait la police. Après la première charge, une seconde, puis une autre, une autre encore, vague après vague. La tactique policière procédait d'un plan délibéré. L'ordre de charger la foule avait libéré une brutalité inouïe chez les policiers. Les manifestants isolés se retrouvaient rapidement encerclés et abattus à coups de mousquetons. La violence avait atteint un paroxysme. Le boulevard couvert de centaines de paires de chaussures, de lunettes broyées, d'écharpes et de vêtements offrait un étrange spectacle.
La foule pourtant n'abandonnait pas la rue. Fuyant les vagues policières elle se réfugiait dans les rues adjacentes, s'encoignait dans les entrées d'immeubles et revenait occuper le centre de la chaussée dès qu'elle se libérait. La police avait perdu le bénéfice de la surprise, elle frappait désormais dans un grand corps fluide qui se dérobait aux coups. Sa fureur s'en trouvait exaspérée.
Le quartier qui s'étend de la Bastille à la République possède une curieuse particularité. Sur presque toute leur longueur le boulevard Beaumarchais et le boulevard du Temple qui le prolonge vers la République, sont bordés en contrebas par la rue Hamel. La différence de niveau entre les voies a rendu nécessaire la construction d'escaliers d'accès en bordure de terrasses attenantes aux boulevards. Durant les charges, ces terrasses constituaient d'excellents refuges et la police trop occupée à faire le vide sur la chaussée les négligeait. A chaque vague, donc, elles s'emplissaient d'une foule compacte qui, une fois le calme rétabli, avant la charge suivante, s'en servait comme bases de départ pour reconquérir la rue.
On dut s'en apercevoir dans le commandement car à partir d'un certain moment les policiers s'efforcèrent de nettoyer également les terrasses. Ils avaient reçu le renfort de C.R.S. Ceux-ci, plus jeunes, mieux équipés que les gardes mobiles, se montraient beaucoup plus agressifs. Spécialement entraînés à la répression, ils montraient une redoutable efficacité et la foule parisienne ne les en haïssait que plus. Casqués, le visage couvert d'un masque destiné à les protéger des gaz lacrymogènes, revêtus d'une épaisse cape de cuir descendant presque aux chevilles, le bras prolongé d'une matraque de près de deux mètres, ils étaient quasiment invulnérables. C'était la nouvelle vague des répressifs, loin des policiers quadragénaires poussifs à la capeline plombée que l'imagerie populaire gardait encore en mémoire. Ceux-là, les nouveaux, c'était du sérieux, du féroce. Ils ne tardèrent pas à le démontrer.
Sous leur pression une centaine de manifestants se trouva à un moment refoulée sur l'une des terrasses. Celle-ci formait un rectangle dont le côté s'ouvrant sur le boulevard était barré par la police. Des immeubles bordaient les deux cotés perpendiculaires. Le quatrième coté, fermé par des rambardes métalliques surplombait la rue Hamel. L'escalier, au centre, constituait la seule échappatoire possible, bien trop étroite. La foule emplissait complètement l'espace disponible. Fuyant les coups elle se massait contre les rambardes. L'escalier ralentissait dramatiquement les échappées. Ceux qui avaient réussi à fuir s'étaient rassemblés dans la rue en contrebas, au pied de la terrasse. Il était parmi eux, calme désormais. La violence des affrontements avait paradoxalement dissipé son angoisse. La scène qui se déroula soudain sous ses yeux le laissa incrédule. En haut, la foule ne parvenait toujours pas à se dégager. La police s'acharnait. Quelques manifestants tassés entre les rambardes et le mur qui tentaient de s'échapper en longeant le trottoir se retrouvèrent plaqués contre la façade d'une boutique. Une boulangerie. Une nouvelle charge les balaya. La vitrine comprimée par des dizaines de dos explosa soudain. Un petit groupe, déséquilibré, fut projeté à l'intérieur, au milieu des croissants et des petits pains. Beaucoup, gravement atteints par les éclats de verre, ne se relevèrent pas. Les C.R.S. complètement déchaînés poursuivaient les malheureux, blessés ou valides et balançaient méthodiquement dans le vide ceux qu'ils parvenaient à acculer aux rambardes. Dans la rue en bas, la foule hurlait son indignation et se précipitait au pied des terrasses pour amortir les chutes. Un ouvrier en bleu de travail surgit soudain, monta les escaliers en courant et saisissant une pierre, qu'il avait dénichée on ne sait où, la lança sur les policiers en criant : "On vous paye, salauds !" Il n'eut que le temps de dévaler les marches en sens inverse pour éviter un matraquage sévère.
Le temps passait. La police tentait maintenant de dégager la rue Hamel, étroite et bordée de voitures des deux côtés. Sur le boulevard la foule ne cédait pas le terrain. Elle résistait. A la suite de chaque charge des cars de police sirènes hurlantes sillonnaient la rue et les trottoirs à toute vitesse, pourchassant les manifestants, tournoyant dans la foule. Au cours de l'une de ces chasses, l'un d'entre eux, imprudent, s'aventura trop loin des siens. La manifestation aussitôt se referma sur lui et l'engloutit. De loin on put le voir tanguer sous les assauts. Des manifestants par dizaines s'agrippèrent à ses portes, au grillage de ses fenêtres. Sa portière avant gauche soudain s'ouvrit et se déchira comme du papier. Les policiers s'échappèrent par l'arrière, à l'exception du conducteur qui fut extrait de sa cabine. Blême de peur, il brandit son arme de service pour tenter de se dégager mais fut rapidement désarmé. On n'aperçut plus que ses bras, un bref instant, s'agiter au-dessus des têtes, puis il fut comme englouti par la foule. Allaient-ils le lyncher ? Non, quelques instants plus tard, il réapparut, hirsute, dépenaillé, s'enfuyant sous les insultes.
La police tentait maintenant de dégager la rue Hamel, étroite et bordée de voitures en stationnement. Les charges ne pouvaient se déployer comme sur les boulevards. Chaque charge, comme le mascaret, balayait la chaussée chassant la foule devant elle, puis refluait à bout de course, aussitôt suivie par les manifestants.
Il prenait part à cet incessant et étrange ballet. Son père lui avait dit : "Ne cours jamais, les flics ne frappent que ceux qui fuient." A la première charge, il maîtrisa son envie de fuir et s'efforça de marcher le plus calmement possible décidé à vérifier la théorie paternelle. Au début tout alla bien, policiers et manifestants le dépassèrent en courant, les uns poursuivant les autres. Il se félicitait déjà de l'efficacité de la méthode lorsqu'un grand bruit de chute, accompagné d'une sensation de souffle derrière la tête, le fit se retourner. Un C.R.S. affalé en travers du capot d'une voiture agitait sa matraque dans sa direction. Il comprit que son salut n'était dû qu'à la maladresse du policier. Le léger souffle n'était rien d'autre que la matraque passant tout près de sa nuque. C'était clair, la théorie de son père possédait une faille. Toute la peur qu'il était parvenu à contenir se libéra soudain et le fit détaler à toutes jambes. Lorsqu'il arrêta sa course, essoufflé, il songea, souriant : " Il faudra que je raconte cela à Papa !"
Ils tinrent encore la rue une heure ou deux. La police en haut sur le boulevard, eux en bas dans les rues adjacentes. Puis il fut décidé de rentrer. Le peuple parisien avait amplement démontré sa détermination sans qu'il fût nécessaire de prolonger les affrontements. La consigne parcourut les rangs : "Dislocation ! ". Il se remémora la règle. Ne jamais traîner et se hâter de rentrer dans le calme. La dispersion d'une manifestation est toujours propice aux provocations policières. Un manifestant le dépassa : "Allez viens, petit, on rentre." Il se dirigea vers la place de la République suivant la foule. Peu à peu la circulation automobile se rétablissait.
Sur tout le trajet on pouvait observer la trace des affrontements, pancartes lacérées, paires de lunettes tordues, foulards, chaussures par centaines. Des infirmiers, le brassard marqué d'une croix rouge, s'affairaient autour des blessés, innombrables. Un homme, distingué, en costume strict, assis sur l'un des bancs du boulevard, la tête ensanglantée, se penchait en avant, écartant maladroitement la chemise de son cou. Passant tout près, il l'entendit murmurer au secouriste qui le pansait : "Je vous en prie, prenez garde à mon col de chemise."
La maison était grande ouverte. Dès l'entrée il fut frappé par l'atmosphère oppressante. La chienne, contrairement à son habitude, n'était même pas venue l'accueillir. Dans la salle de séjour, violemment éclairée, la télévision retransmettait des images de la manifestation. Sa mère lui tournait le dos. Elle ne l'avait pas entendu entrer. Lorsqu'il se pencha vers elle, il la vit, hébétée. Elle mit quelques secondes à s'extraire des images et dit simplement : "Il y a eu des morts."
La violence policière, il l'avait vue à l'?uvre, mais jamais il n'aurait imaginé qu'elle pût aboutir à des morts d'hommes. Cela lui paraissait anachronique. Brusquement, il comprit quelles angoisses avait dû vivre sa mère, seule à la maison tandis que son frère, lui et son père se trouvaient quelque part dans Paris, au milieu de la manifestation.
Les questions se bousculaient. "Combien ? ", "Ont-ils donné des noms ? ", "Et Papa et Claude où sont-ils ? " Le journal télévisé laissait filtrer les nouvelles par bribes. Au cours de la soirée, le chiffre de huit morts fut annoncé. Il y avait également de très nombreux blessés. Rien sur les circonstances. Tard dans la soirée, le ministre de l’intérieur, Roger Frey, vint donner la version officielle des faits. La haine au visage il accusa "les provocateurs communistes armés de gourdins qui s'en étaient pris à la police ! " Pauvre et tragique mensonge. On sut la vérité quelques heures plus tard, par des témoins et des journalistes. Au moment où un cortège se dispersait, à proximité du métro Charonne, la police qui barrait les issues chargea brutalement et sans préavis. Quelques élus, ceints de leur écharpe, qui s'étaient portés en avant pour parlementer furent violemment matraqués. La foule surprise s'enfuit en désordre. Quelques dizaines de manifestants coururent se réfugier dans la station de métro et se trouvèrent bloqués contre les portes fermées. Du trottoir, les policiers jetèrent sur eux grilles en fontes servant à protéger les arbres et lourdes tables de café avec l'évidente intention de tuer. Par la suite, le gouvernement dut promettre de punir les responsables. Mais il n'y eut jamais d'enquête véritable et aucun coupable ne fut jamais découvert et a fortiori puni. On apprit simplement que la section de policiers incriminée était complètement infiltrée par l'OAS, ce qui n'était pas rare à l'époque. Des témoins racontèrent que juste avant la charge les policiers avaient scandé avec leurs pieds le slogan "Algérie française !". Trois coups rapides, deux coups longs.
Claude rentra enfin. Il ne savait rien. A la nouvelle, il s'assit et posa la même question : "Et Papa ? ".
Il fallait attendre. A minuit, sonnerie du téléphone. On se rue. La mère est la première. "Où es-tu ? " A l'autre bout, la voix est joyeuse. "Je suis aux Halles. On se bat. Je suis coincé dans la cabine téléphonique. Il y a des flics partout ! " On n'eut pas le coeur à lui expliquer. Il ne savait rien. Il se battait contre la police et pour lui, c'était ce qui comptait le plus. "Rentre, Geo ! ".
On avait éteint, puis rallumé la télévision., avides de nouvelles. On voulait comprendre. Les camarades, nombreux avaient appelé. Il fallait faire quelque chose. Mais quoi ?
Le père, lorsqu'il arriva, était tout excité, les yeux brillants, un peu essoufflé et inconscient du drame. "Qu'est-ce qu'on s'est battus ! ". Il avait toujours eu des barricades dans la tête. A le regarder narrer la "bataille des Halles", sans leur laisser le temps de placer un mot, ils voyaient défiler dans ses yeux tous ses rêves. La Commune, 1848, 36, Gavroche, Octobre..
"Papa, il y a eu huit morts. " Il s'arrêta net. On devinait que d'autres images remplaçaient les premières. Ce n'était plus les Trois Glorieuses, c'était la Ricamarie. Ainsi, ils pouvaient encore tuer ? La colère succéda à l'accablement. Une nouvelle colère.
Le lendemain, la France frappée de stupeur, s'immobilisa deux heures pour la mémoire des siens et, cinq jours plus tard, Paris quadrillé par une police invisible, portait, silencieux et innombrable, ses morts au Père Lachaise.
G. Chouteau 1995

dimanche 9 février 2014

Le grand voyage











LE GRAND VOYAGE


Quatrième épisode des aventures des quatre super(minuscules) héros  de Gogoville !









Scénario : Papy
Dessins : Papy
Coloriages : Papy
Relecture : Mayrig


Bizarréditions, avril 2010






Aux quatre super ( minuscules) héros de Gogoville

Super Simon, Cyber Jeanne, Juju Tornade et Romane Non-Non









Chapitre 1

Où les habitants de Gogoville prennent une grande décision.


Gogoville est devenue une grande et paisible cité. Ses grandes maisons fleuries dominent de longues rues piétonnes que les habitants parcourent en flânant ou en se hâtant, tout à leurs occupations.
Au centre de la ville, une immense tour se dresse. A son sommet, un belvédère de verre permet d'admirer le panorama. C'est de là que chaque jour nos quatre super (minuscules) héros, Super-Simon, Cyber-Jeanne, Juju-Tornade et Romane-Non-Non exercent leur surveillance. Mais, depuis la dernière visite des extraterrestres (voir Gogoville 1), il ne se passe pas grand chose à Gogoville et nos super (minuscules) héros commencent à s'ennuyer.
Pourtant, on se souvient que se croyant attaqués par une armée d'aliens venant d'une autre galaxie, les gogovilliens avaient opposé une farouche résistance, à coup de lasers surpuissants et mis en déroute les visiteurs.
Plus tard, ils s'étaient rendu compte de leur méprise. Les extraterrestres étaient sans nul doute venus avec des intentions pacifiques et Gogoville regrettait énormément de les avoir chassés.
Aussi, le Grand Conseil de Gogoville se réunit-il d'urgence. Après un interminable discours du Président La-Barbe, qui dura cinq heures, tout le monde dormait dans l'assistance, on finit par décider de faire tout ce qu'il fallait pour recevoir amicalement les aliens, s'ils revenaient.
 



Pour commencer, on décida de transformer le super laser électro-zygomatique lanceur de blagues débiles, mis au point par les savants fous de Gogoville, pour vaincre les super héros malfaisants ( voir Gogoville 2), en un télescope ultra perfectionné, capable de détecter les astres les plus lointains.
C'est à nos quatre super (minuscules) héros que fut confié son fonctionnement.
Mais tous les habitants de Gogoville voulurent, eux aussi, observer le ciel. C'est ainsi qu'à chaque nuit claire et sans lune la plage (car Gogoville est un port) se peuplait d'astronomes amateurs scrutant les profondeurs du ciel avec les instruments les plus variés.
Les jours, ou plutôt les nuits passaient et rien ne se produisait. On commençait à se lasser et, beaucoup se mirent à penser que jamais les extraterrestres ne reviendraient.








Chapitre 2

Où l'énigme d'une certaine tour penchée est enfin résolue.

Un matin pourtant l'observatoire transmit un nouvelle d'importance. Un astre très lumineux venait d'être détecté dans la Voie Lactée. Il semblait se mouvoir très rapidement en direction de la Terre. Le deuxième jour l'astre était devenu visible à l'œil nu et le troisième, il occupait presque tout le ciel. Ce n'était pas une météorite, donc, plus de doute, les visiteurs revenaient !





 

Aussitôt ce fut l'effervescence dans Gogoville. Chacun s'apprêta à recevoir dignement les visiteurs. Nos quatre super (minuscules) héros rassemblèrent des masses de cadeaux. Super -Mayrig-Tuclik-Tuclik se mit à confectionner des dizaines de klougs, tandis que Kéclaire Mariannélu préparaient des hectolitres de tisanes aux parfums les plus exotiques. Lu aurait bien voulu savoir si les extraterrestres sauraient se servir des rollers qu'il voulait leur offrir. Do quant à lui, se demandait si un brochet à la sauce Nantua serait apprécié et s'en enquit auprès de Mariannélu qui lui répondit qu'il n'avait qu'à essayer. Lu, Kéclaire, Mariannélu et Do avaient été libérés de la prison où ils avaient été enfermés à la suite de leur attaque manquée contre Gogoville. Ils étaient désormais devenus d'honnêtes citoyens.
Le quatrième jour on entendit un énorme grondement. Nos quatre super (minuscules) héros se précipitèrent sur le lieu d'où semblait parvenir le vacarme.
Un gigantesque vaisseau se posa au milieu d'un immense nuage de vapeurs bleues. Le sol tremblait tout autour.
Quand la fumée se dissipa, l'astronef apparut. Il ressemblait à une tour. Tout à coup, il se mit à osciller et à s'incliner lentement. Le sol sous lui s'affaissait à cause de son énorme poids. Allait-il s'effondrer ? Angoissés, nos quatre super (minuscules) héros redoutaient sa chute. Mais il finit par s'immobiliser.





Soudain, l'énorme sphère qui le surmontait, lançant une intense lumière jaune par ses multiples hublots, se détacha en douceur du sommet et se posa lentement et en silence sur le sol. Sa porte s'ouvrit laissant une lumière encore plus intense illuminer la prairie environnante. 






Timidement, nos quatre super (minuscules) héros disposèrent leurs cadeaux devant l'entrée et attendirent.






 

Rien. Personne ne se montrait. Le vaisseau était-il vide, ses occupants morts ? Non. Tout à coup quatre êtres étranges apparurent dans l'embrasure. Ils souriaient et avaient l'air aussi intimidés que nos quatre super (minuscules) héros. Ils s'immobilisèrent sur le seuil en les regardant sans rien dire.


Personne ne prononçait une parole. Mais soudain le plus grand des extraterrestres s'approcha de Cyber-jeanne et, pointant un des trois doigts de sa main droite sur sa poitrine dit : « Ab »
A son tour, un autre vint au-devant de Super-Simon et prononça : « Cd », puis le troisième annonça : « Ef » face à Juju-Tornade et enfin le quatrième s'approcha de Romane-Non-Non en disant : « Gh ».
Nos héros comprirent que les visiteurs venaient de se nommer
et ils en firent autant. Chacun à son tour donc, dit son nom :
« Super-Simon » dit Super-Simon, « Cyber-Jeanne », dit Cyber-Jeanne, « Juju-Tornade », dit Juju-Tornade et « Romane-Non-Non » dit Romane-Non-Non.



« Merci de nous accueillir » dit Ab, qui ajouta : »Nous sommes venus en amis ».
« Mais, vous parlez notre langue ! » s'exclamèrent nos quatre super (minuscules) héros. « Comment cela se fait-il ? »
« Je vais vous l'expliquer », déclara Ab, « Mais, auparavant, il faut nous suivre. Nous allons vous emmener sur notre planète »
« Maintenant, là, tout de suite ? » crièrent en chœur nos quatre super (minuscules) héros.
« Oui, mais nous ne pourrons pas utiliser notre vaisseau, que nous avons endommagé à l'atterrissage. Nous allons donc
l'abandonner sur votre planète et utiliser un autre moyen » expliqua Cd qui avait l'air d'être le savant de la bande.
« Quel moyen ? »
« Patience, nous allons vous le montrer bientôt. Suivez nous. »



Chapitre 3

Où le mystère de la disparition des dinosaures est enfin éclairci.

Pendant qu'ils s'éloignaient du vaisseau, Ab expliqua : « En réalité, nous avons occupé la Terre bien avant vous. Il y a cent millions d'années. Nous avions un aspect très différent de celui que nous avons aujourd'hui. C'est l'évolution qui nous a transformés. »
« A une certaine époque, la Terre est devenue trop froide », continua Gh. « Nous avons pris la décision de la quitter, sinon, nous aurions succombé au froid glacial qui commençait à envahir la Planète. »
Ef intervint : « Pendant plusieurs centaines d'années, nous avons construit d'énormes vaisseaux interplanétaires capables d'embarquer toute la population. Il y a un type qui a fait la même chose chez vous, bien plus tard. Vous l'appelez Noé, je crois. Mais, lui, il n'a pas sauvé tout le monde. »
« Quand tout fut prêt, » reprit Ab, « nous embarquâmes. Nos fusées étaient tellement énormes qu'elles creusèrent de gigantesque cratères en décollant »
«Vos savants actuels croient que ces cratères ont été produits par une gigantesque météorite, mais ce n'étaient que nos vaisseaux. La planète que nous avons choisie est située dans la galaxie d'Andromède. De là-bas, nous n'avons pas cessé de vous observer et nous vous avons souvent rendu visite, mais sans jamais atterrir. Nous avons eu le temps d'apprendre toutes vos langues. Maintenant le temps presse, venez, il faut y aller.»


 
« Nous allons emprunter un trou noir et passer par un hyper-espace. C'est une technique que nous maîtrisons parfaitement »
« Au début, c'est à dire, il y a cinquante mille ans, cela ne se passait pas très bien. Les gens n'arrivaient pas toujours dans le bon ordre, ce qui rendait nos savants soucieux »
« Maintenant, tout est parfaitement au point » affirma Cd, « cependant, le passage secoue un peu. Vous risquez d'être déshabillés. Mais c'est sans danger. » continua-t-il.
« Dès que vous verrez l'entrée du trou noir, plongez la tête la première. Tout ira bien »








Chapitre 4

Où nos héros visitent une nouvelle planète et où Super-Mayrig-Tuclik-Tuclik fait une entrée remarquée.

Nos quatre super (minuscules) héros s'engagèrent donc courageusement dans le trou noir dont Ab, Cd, Ef et Gh leur avaient indiqué l'entrée. Quelques millionièmes de seconde plus tard, durement secoués, mais entiers, ils arrivèrent sur une nouvelle planète où leur quatre amis les avaient précédés. C'était HD80606b, récemment découverte par les astronomes de Gogoville.




Ils ne savaient pas qu'elle était habitée. Une foule immense, bigarrée et joyeuse les acclama. 



Un grand extraterrestre, qui paraissait être le chef fit un très long et très ennuyeux discours, que nous résumerons pour ne pas te lasser, ô lecteur :

« Chers visiteurs,
C'est avec une joie immense que nous vous accueillons sur notre planète hospitalière !
Les habitants de Gogoville sont nos amis tout comme Super-Simon, Cyber-Jeanne, Juju-Tornade et Romane-Non-Non ! Que votre séjour chez nous soit des plus agréables !»

Ce qui donna :
« Aroudaya youyou kuic !
Ploutch igloo zoom glof patati evasi onnéla glop !
Fopafopa maissi maissi adidonk Gogoville.
Ebindidon issonla oura oura Super-Simon, Cyber-Jeanne, Juju-Tornade zak Romane-Non-Non ! »
« Qu'est-ce qu'il a dit ?»  demandèrent nos quatre voyageurs.
« Il a dit : bienvenue » répondit Ab.

Après ce discours, la foule porta les quatre super (minuscules) héros de Gogoville en triomphe.
Puis, il fut décidé qu'ils iraient visiter la planète en compagnie de Ab, Cd, Ef et Gh.


Ils s'apprêtaient à partir lorsqu'un énorme vacarme se produisit du côté du trou noir. On entendit un cri : « Aïe, ouille ! ». Ils se précipitèrent, et quelle ne fut pas leur surprise de découvrir Super-Mayrig-Tuclik-Tuclik, un peu dépeignée et ahurie assise sur le sol à la sortie du trou, un kloug fumant à ses côtés !
« Mais qu'est-ce que tu fais là ! » s'exclamèrent-ils.
« Ben, je suis passée près du trou et je me suis penchée pour voir à l'intérieur si vous y étiez. J'ai été brutalement aspirée et ….me voilà »
Comme elle finissait sa phrase, une habitante de la planète s'approcha. Elle portait sous le bras quelque chose qui ressemblait à un kloug fumant.
« Kilcut-Kilcut-Giryam-Repus », dit-elle en montrant sa poitrine.
Super-Mayrig-Tuclik-Tuclik lui tendit son kloug : « Kloug ! », aussitôt elles se tombèrent dans les bras car « Kloug ! » en langage intergalactique signifie « Pov' chou ! »
Les deux commères, bras dessus bras dessous s'éloignèrent, bien décidées à échanger leurs recettes.
« Où allez vous ? N'oubliez pas de revenir ! » crièrent nos huit super héros. Mais elles firent semblant de ne pas entendre et ne se retournèrent pas.


« Venez » dit Ab, « nous devons quand même continuer notre exploration ».



Chapitre 5

Où nos super (minuscules) héros se libèrent de la gravitation.

« Avant de partir, nous devons nous équiper avec des ceintures antigravitationnelles » expliqua Cd.
« Grâce à elles nous pouvons nous élever dans l'air et nous déplacer sans véhicule » poursuivit-il.
« Mettez-les. Le bouton ventral sert à régler l'altitude, mais faites attention, il faut l'utiliser délicatement. »
Nos quatre super (minuscules) héros s'équipèrent et, comme l'avait annoncé Cd constatèrent qu'un peu d'apprentissage était nécessaire. Cependant, au bout de quelques minutes ils parvinrent à naviguer sans encombre. Il fallut quand même inventer pour Juju-Tornade la première ceinture antigravitationelle intergalactique à bretelles.



 
Le voyage commença.
« Comment s'appelle votre planète ? » demanda Romane-Non-Non.
« Amania-khaghaghoutyoun » dit Ab.
« Quelle drôle de nom ! Et vous, vous êtes les Amania-khaghaghoutyouniens ? Qu'est-ce que cela veut dire ? »
Ab la regarda en souriant : « Comment s'appelle ta planète ? » dit-il.
« Eh bien, la Terre ! » répondit Romane-Non-Non étonnée.
« Quel drôle de nom ! Qu'est-ce que cela veut dire ? Vous êtes donc les Terriens ?» rigola Ab.
Romane-Non-Non rosit, un peu honteuse. Elle venait de comprendre qu'on pouvait paraître soi-même bizarre à des gens qu'on trouvait bizarres.
Ils s'élevèrent dans l'air et soudain s'exclamèrent :
« Le ciel est vert ! »
« C'est vrai » répondit Gh, « il y a 65 millions de vos années, nous avons choisi cette planète parce qu'elle avait deux soleils, l'un bleu et l'autre orange. Ils donnent beaucoup de chaleur, beaucoup plus que votre soleil, ce qui nous convient bien car, nous descendons des reptiles comme vous le savez. Leurs lumière se mélangent et donnent sa couleur verte à notre atmosphère. C'est très reposant pour la vue ! »



Chapitre 6

Où il est question du carré de l'hypoténuse.


Au loin de grandes constructions apparurent.
« C'est notre capitale. Nous l'avons bâtie il y a 100 000 ans. A cette époque, il n'y avait même pas de singes sur votre Terre ! Nous sommes très fiers de cette ville. Elle s'appelle Prabhâ, cela veut dire Beauté ».




Ils dépassèrent la cité et survolèrent une campagne magnifique avec des champs multicolores, traversés par des rivières rose et couverts d'arbres bleus. Ils crurent au loin apercevoir Super-Mayrig-Tuclik-Tuclik. Dans le ciel de curieux véhicules paraissaient flotter.



« Il n'y a pas de routes !» s'exclama Super-Simon.
« Comment faites vous donc pour vous déplacer ? » s'enquit Cyber-Jeanne ?
Ed expliqua : « Ce que vous voyez, ce sont nos maisons. Elles aussi sont équipées de systèmes antigravitation. On peut les déplacer comme on veut, de sorte que nous n'avons besoin ni de
véhicules, ni de routes, ni de trains, ni d'avions, ni de garages, ni de parkings. »
« Quelle belle planète ! » s'écrièrent nos super (minuscules) héros « mais comment vos enfants font-ils pour aller à l'école ? »
« Qu'est-ce que c'est l'école ? » interrogea Ef.
Eberlués, nos quatre héros dirent : « Mais, c'est un endroit où vont les petits Terriens pour apprendre. Ils y restent toute la journée et le soir rentrent chez eux pour faire leurs devoirs. »
« Quel ennui ! Chez nous, les enfants mettent un casque électro-pédagogique avant de se coucher. Ils apprennent en dormant. Pas besoin d'aller à l'école ! »
« Quelle belle planète ! » s'écrièrent à nouveau nos super (minuscules) héros. « Mais que font-ils dans la journée, les enfants ? »
« Eh bien, ils jouent, ils font du sport, des activités artistiques. Ils visitent des musées ! »
« Bof ! » pensèrent nos quatre Terriens.
« Pourrions nous les essayer ces casques ? » demandèrent-ils.
« Hélas, je crains que non » dit Ab, « vos cerveaux et les nôtres sont très différents, cela ne pourrait pas marcher »
Mais pendant qu'il parlait, Juju-Tornade et Romane-Non-Non s'étaient discrètement éclipsées. Lorsqu'elles revinrent, elles avaient revêtu deux casques électro-pédagogiques, dénichés on ne sait où, sans que les autres s'en aperçoivent. Elles poussèrent le réglage à fond. Aussitôt des fumées légères accompagnées de petits nuages bruns s'échappèrent de leurs crânes.
« Cela chatouille ! » rigolèrent-elles. Mais aussitôt, elles prirent un air très concentré et absent. Soudain, levant son index droit, Juju-Tornade déclara gravement : « Le carré de l'hypoténusse égale la somme des carrés des deux autres côtés ».
« Nuse, pas nusse » répondit Romane-Non-Non.
« Quoi ? », s'écria Juju-Tornade.
« Nuze, pas nusse » répéta Romane-Non-Non.


 
« Toi même ! » rétorqua Juju-Tornade, fort courroucée.
Au bruit de cette querelle, Ab s'approcha et découvrit avec horreur que nos héroïnes avaient désobéi.
« Oh là là, elles ont mis des casques ! J'espère qu'elles n'ont pas grillé trop de neurones ! »
Il arracha les casques et, aidé des autres se mit faire des courants d'air avec ses mains pour refroidir la tête de nos deux désobéissantes.
« Elles vont rester comme ça ? » s'inquiétèrent Super-Simon et Cyber-Jeanne.
Comme le soir tombait, nos huit héros se rendirent au bord de l'océan. Il était rose et la lumière des deux soleils créait de


belles couleurs violettes, bleues et orange dans les nuages. Ils restèrent à contempler le merveilleux spectacle quelques minutes, sans un mot.
Puis, Ab déclara : « Vous devez rentrer maintenant car le trou noir va s'évaporer et vous ne pourrez plus rejoindre la Terre. »
Il fallut donc se quitter. Ce fut triste car ils ne voulaient pas se séparer.
Ab, Cd, Ef et Gh très émus dirent :  « Nous penserons à vous quand vous serez revenus sur Terre. Un jour, nous vous ferons un signe. »








Chapitre 7

Où nos super (minuscules) héros rendent compte de leur mission et où ils reçoivent un signal d' Amania-khaghaghoutyoun.

De retour, nos quatre super (minuscules) héros furent reçus par le Président La-Barbe de Gogoville.
« Alors, comment c'était là-bas ? » demanda-t-il.
« Extrasupermégatroclasse ! » s'écrièrent en chœur Super-Simon, Cyber-Jeanne, Juju-Tornade et Romane-Non-Non.
« Ils n'ont pas de routes, pas de voitures, pas d'avions, pas de parkings et ils peuvent voler dans les airs ! » ajoutèrent-ils.
« Et surtout, pas d'école ! » renchérit Juju-Tornade.
« C'est à peine croyable » pensa le Président.
« Et, puis, il y a des hippos carrés nases » affirma Romane-Non-Non.
« Qu'est-ce qu'elle raconte ? » interrogea le Président, étonné.
« Rien, rien » dirent les autre, « cela va passer »
« Comment s'appelle leur planète ? »
« Amania-khaghaghoutyoun ! »
« Quel nom bizarre ! »
« Mais non, ce n'est pas bizarre ! C'est normal pour eux. » expliqua doctement Romane-Non-Non, qui avait bien compris la leçon de Ab.
« Vont-ils nous attaquer ? » s'enquit le Président.
« Mais non, quelle bêtise ! Ils nous aiment. Et puis, ils sont bien plus civilisés que nous. »
Alors, le Président leur demanda d'aller raconter toute l'histoire au Grand Conseil de Gogoville.
Ils furent, une fois encore, acclamés et quelqu'un proposa : « On
pourrait peut-être les porter en triomphe ? » Mais nos quatre super (minuscules) héros protestèrent : « On en a marre d'être portés en triomphe ! », et ils se retirèrent dans leur tour d'observation.
La vie à Gogoville reprit donc son cours paisible. Cependant nos quatre super (minuscules) héros se demandaient bien par quel moyen, Ab, Cd, Ef et Gh leur feraient signe.



L'évènement se produisit une nuit. Les astronomes gogovilliens découvrirent dans la galaxie d'Andromède quatre astres nouveaux au comportement bien étrange. Ils paraissaient danser dans le ciel. On s'interrogea avec anxiété. S'agissait-il d'une nouvelle invasion d'extra terrestres ?
On se rassura bien vite car ces nouveaux astres ne se rapprochaient pas de la Terre. Les quatre super (minuscules) héros avaient tout compris dès le début, eux. Ils avaient compris que c'était le signe promis qu'Ab, Cd, Ef et Gh leur envoyaient depuis la planète Amania-khaghaghoutyoun.
Alors, chaque fois que la nuit était claire ils allaient sur la plage regarder monter du fond du ciel les étoiles dansantes et pensaient à leurs amis lointains.





Chapitre 8

Où les savants fous de Gogoville se déchaînent.


Libérés du souci d'avoir à concevoir des armes terribles pour repousser d'éventuelles invasions d'extra terrestres, les savants fous se mirent a imaginer des tas de trucs et d'objets destinés à rendre la vie des Gogovilliens plus facile.
C'est ainsi qu'ils inventèrent :
Le double tire-bouchon pour déboucher deux bouteilles à la fois A
Le bouchon déjà percé B
La boîte de conserve à ouverture rapide C
Le calumet de la paix pour négocier à plusieurs D
La serrure à double tour E
Le stylo à ancre pour marin F
Le vélo à deux guidons pour allers–retours G
L'escalier sans marches H
Le microscope géant pour observer les gros animaux I
Le premier hélicoptère sous-marin J
Le peigne pour chauves K
Le dé sphérique L
Le dénoyauteur de cerises électropneumatique M
Les jumelles pour cyclopes N
La tapette à mouche volante télécommandée O
La banane-aubergine P

Enfermés dans leur laboratoire ultra-secret, ils travaillent jour et nuit. On dit qu'ils préparent d'autres merveilles.


















Chapitre 9

Où la révolte gronde à Gogoville.

A Gogoville le calme ne dure jamais bien longtemps. Un beau matin, il fallut se rendre à l'évidence : PLUS UN SEUL KLOUG dans les boulangeries et les pâtisseries !
Plus de petits-déjeuners nourrissants, ni de desserts consistants !
Alors la colère des Gogovilliens éclata. De puissantes manifestations organisées par le Comité des Gogovilliens Tonitruants et le Club des Fondus De la Tartelette, parcoururent les rues.
C'est à ce moment qu'on se rendit compte que Super-Mayrig-Tuclik-Tuclik avait disparu !
Interrogés nos quatre super (minuscules) héros reconnurent qu'ils ne l'avaient pas vu revenir d'Amania-khaghaghoutyoun. Que s'était-il passé ? Le trou noir s'était-il évaporé avant qu'elle ait pu y parvenir ? S'était-elle trompé de trou noir et était-elle maintenant égarée au fin fond de l'Univers ? Avait-elle été enlevée par des aliens hostiles amateurs de klougs ?
Il fallait agir d'urgence. Le Grand Conseil de Gogoville décida d'organiser une nouvelle expédition intergalactique dont il confia la direction à nos quatre super (minuscules) héros. Ceux-ci en furent tout heureux car ils savaient qu'ils pourraient à nouveau rencontrer leurs amis d'Amania-khaghaghoutyoun, Ab, Cd, Ef et Gh.
Mais si tu crois, impatient lecteur, que je vais dès maintenant te raconter cette histoire, tu te trompes, parce que, là tu vois, je vais faire ma sieste.

Il te faudra attendre le 5e épisode des aventures de nos quatre super (minuscules) héros de Gogoville dans : Le Château des klougs !