Un
conte de Noël
Il
arriva dans un grand fracarme au petit matin, devant sa maison toute
enfouvelie sous la neige. Le soleil se levait à peine au-dessus des
mélépins, dont il colorait la cime de rose et d'orange. Il faisait
si froid que d'épais nuages de vapeur sortaient des naseaux de ses
rennes. Les grelots attachés à leur licou cartibulaient dans le
froid;
Il
sauta du bobaski et se retrouva dans la neige poudreuse jusqu'aux
genoux.
« Quel
froid ! » bougornna-t-il à mi-voix en se frapatapant
vigoureusement les flancs. Son épaisse houpolaire le protégeait à
peine. Il se mit à saupatiller sur place pour se réchauffer.
Il
allait se mettre à décharballer les sacs entassés à l'arrière du
bobaski, lorsque la porte de la maison s'ouvrit lentoucement. Sa
femme apparut sur le seuil, serrée dans son châle de
cache-mirettes. Elle s'avança en souriant et se peletochonna contre
lui, toute brigoulante.
« Tu
rentres tard » dit-elle, « Nous t'avons attendu »
« C'est
qu'il y avait un sacré traboulot » répondit-il. « Et
puis, les 7777 nains s'étaient mis en grève parce qu'ils se
trouvaient trop petits pour emballer tous les capadeauquets. Il a
fallu acheter 7777 paires d'échasses. Quelle histoire ! »
Il
ajouta : « Il y a de plus en plus de marmoupiots dans les
maisons et de moins en moins de cheminées. Cela fait qu'il faut
drôlement se remuer le gropotin pour distribuer tout ça ! Mais,
j'ai réussi à tout distribuer à temps. J'espère qu'ils seront
béateux ! »
A
peine avait-il terminé que la porte de la maison s'ouvrit avec
violence. Elle claqua contre le mur et quatre petits galapiots, hauts
comme trois poires, jaillirent et se précipitèrent sur leur père.
C'étaient
des quadruplés. Ils s'appelaient Edin, Dedeu , Etroi et Equate, car
au moment de leur naissance, la doqueteuresse, surprise de voir
quatre bébés, s'étaient écriée, riant, en les sortant l'un après
l'autre du ventre de leur mère : « Et d'un et de deux et de
trois et de quatre ! » Les parents avaient trouvé que cela
faisait de jolis prénoms.
« Papi,
parlapapa, as-tu apporté nos capadeauquets ? »
« Mais
oui, mais oui ! Mais vous pourriez me dire bonvenue ! »
Ils
lui sautèrent au cou tous ensemble.
« Mmhh,
bisous, bisous, bisous, bisous »
« Attention,
vous allez me renversibouler ! » rigola-t-il.
Puis,
il ajouta : »Mais vous êtes pieds nus, petits garnapans !
Attention à ne pas vous enrhumorver ! Je vais aller chercher vos
carprises ! »
Il
se dirigea vers l'arrière du chariot et se mit à y fourbillonner
tout en marmogonnant « Mais où les ai je fourrés ? Ah, les
voilà. » Ils revint avec trois gros paquets dont les enfants
s'emparèrent. Ils retournèrent en courant vers la maison.
Elle
avait regardé toute la scène en souriant, mais quand les enfants
eurent disparu, elle revint se polichonner contre lui. Elle dit, tout
attendrie « Ils sont si cro-mignons ! »
Elle
le regarda et lui tendit les lèvres.
« Mmhh
? »
« Mmhh
! »
Il
la calibrassa tendrement et la prit par les épaules.
« Rentrons;
Tu vas prendre frigoulet »
A
l'intérieur de la maison, on entendait des cris et des rires.
« J'ai
l'impression qu'ils en train de foulbazarder le salon ! »
Lorsqu'ils
entrèrent, tout était redevenu calme. Les quatre marmoufiots
s'affairaient au milieu des cartons ouverts et de papiers cadeau
multicolores.
Dans
l'âtre les flammes faisaient craqueter les bûches qui projetaient
mille étincétoiles.
Le
père et la mère s'enfoncèrent dans leurs confortables fauteuils.
« C'est
bien sympatigréable d'avoir un papa qui ne travaille qu'un jour par
an ! » dirent les enfants.
Papy
Echirolles,
le 29 novembre 2009
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