vendredi 7 février 2014

Conte de Noël

Un conte de Noël


Il arriva dans un grand fracarme au petit matin, devant sa maison toute enfouvelie sous la neige. Le soleil se levait à peine au-dessus des mélépins, dont il colorait la cime de rose et d'orange. Il faisait si froid que d'épais nuages de vapeur sortaient des naseaux de ses rennes. Les grelots attachés à leur licou cartibulaient dans le froid;
Il sauta du bobaski et se retrouva dans la neige poudreuse jusqu'aux genoux.
« Quel froid ! » bougornna-t-il à mi-voix en se frapatapant vigoureusement les flancs. Son épaisse houpolaire le protégeait à peine. Il se mit à saupatiller sur place pour se réchauffer.
Il allait se mettre à décharballer les sacs entassés à l'arrière du bobaski, lorsque la porte de la maison s'ouvrit lentoucement. Sa femme apparut sur le seuil, serrée dans son châle de cache-mirettes. Elle s'avança en souriant et se peletochonna contre lui, toute brigoulante.
« Tu rentres tard » dit-elle, « Nous t'avons attendu »
« C'est qu'il y avait un sacré traboulot » répondit-il. « Et puis, les 7777 nains s'étaient mis en grève parce qu'ils se trouvaient trop petits pour emballer tous les capadeauquets. Il a fallu acheter 7777 paires d'échasses. Quelle histoire ! »
Il ajouta : « Il y a de plus en plus de marmoupiots dans les maisons et de moins en moins de cheminées. Cela fait qu'il faut drôlement se remuer le gropotin pour distribuer tout ça ! Mais, j'ai réussi à tout distribuer à temps. J'espère qu'ils seront béateux ! »
A peine avait-il terminé que la porte de la maison s'ouvrit avec violence. Elle claqua contre le mur et quatre petits galapiots, hauts comme trois poires, jaillirent et se précipitèrent sur leur père.
C'étaient des quadruplés. Ils s'appelaient Edin, Dedeu , Etroi et Equate, car au moment de leur naissance, la doqueteuresse, surprise de voir quatre bébés, s'étaient écriée, riant, en les sortant l'un après l'autre du ventre de leur mère : « Et d'un et de deux et de trois et de quatre ! » Les parents avaient trouvé que cela faisait de jolis prénoms.
« Papi, parlapapa, as-tu apporté nos capadeauquets ? »
« Mais oui, mais oui ! Mais vous pourriez me dire bonvenue ! »
Ils lui sautèrent au cou tous ensemble.
« Mmhh, bisous, bisous, bisous, bisous »
« Attention, vous allez me renversibouler ! » rigola-t-il.
Puis, il ajouta : »Mais vous êtes pieds nus, petits garnapans ! Attention à ne pas vous enrhumorver ! Je vais aller chercher vos carprises ! »
Il se dirigea vers l'arrière du chariot et se mit à y fourbillonner tout en marmogonnant « Mais où les ai je fourrés ? Ah, les voilà. » Ils revint avec trois gros paquets dont les enfants s'emparèrent. Ils retournèrent en courant vers la maison.
Elle avait regardé toute la scène en souriant, mais quand les enfants eurent disparu, elle revint se polichonner contre lui. Elle dit, tout attendrie « Ils sont si cro-mignons ! »
Elle le regarda et lui tendit les lèvres.
« Mmhh ? »
« Mmhh ! »
Il la calibrassa tendrement et la prit par les épaules.
« Rentrons; Tu vas prendre frigoulet »
A l'intérieur de la maison, on entendait des cris et des rires.
« J'ai l'impression qu'ils en train de foulbazarder le salon ! »
Lorsqu'ils entrèrent, tout était redevenu calme. Les quatre marmoufiots s'affairaient au milieu des cartons ouverts et de papiers cadeau multicolores.
Dans l'âtre les flammes faisaient craqueter les bûches qui projetaient mille étincétoiles.
Le père et la mère s'enfoncèrent dans leurs confortables fauteuils.
« C'est bien sympatigréable d'avoir un papa qui ne travaille qu'un jour par an ! » dirent les enfants.





Papy
Echirolles, le 29 novembre 2009

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