b.
Maintenant , occupons nous des métaux.
Plus
exactement, occupons nous de l'évolution de leur résistivité
électrique avec la température.
Expérimentalement,
on observe que la résistivité des métaux décroît avec la
température. Cependant, aux très basses températures, très
inférieures à la température ambiante, on observe un palier,
appelé résistivité résiduelle ou plus simplement, résiduelle,
d'autant plus faible que le métal est plus pur. Elle dépend aussi
de sa structure microscopique, c'est à dire de la concentration de
défauts. Ainsi, le cuivre écroui, qui contient beaucoup de défauts,
présente une résistivité résiduelle beaucoup plus élevée que le
cuivre recuit.
La
question qui se posait était : que devient la résistivité
d'un métal pur à T = 0 ?
Deux
théories s'affrontaient ? Pour les uns, les plus nombreux, la
résistivité devait s'annuler à T=0. Pour d'autres, dont Lord
Kelvin (William Thompson), elle devait, au contraire devenir infinie.
(source : document EPFL)
Pour
trancher, il fallait disposer de très basses températures et de
métaux très purs. Notons que par « métal pur », il
faut entendre une pureté de 99,999 %, dite 5N, obtenue seulement par
des moyens industriels. Avec le mercure, liquide à la température
ordinaire, on peut même gagner deux ordres de grandeur par simple
distillation et obtenir une pureté de 99,99999 %, (7N).
C'est
ce métal que Kamerlingh Onnes décida d'étudier, en mesurant sa
résistivité dans l'hélium liquide, à 4,2 K.
ET
CE FUT LE COUP DE TONNERRE DE 1911.
Voici
la courbe de résistance publiée par H. Kamerlingh Onnes pour le
mercure (Comm. Phys. Lab. Univ. Leiden, 124c, 1911)
Elle
présente un phénomène extraordinaire et totalement nouveau : à
4,2 K, la résistance chute brutalement et devient si faible qu'il
est impossible de la mesurer.
H.
Kamerlingh Onnes et G. Holst venaient de découvrir la
supraconductivité. Noter le commentaire des auteurs, qui est un
modèle d'honnêteté scientifique :
« A
4,3 K la résistance du mercure est tombée à 0,084 ohm c’est
à dire 0,0021 fois sa valeur à 0°C. A 3K on a trouvé que cette
résistance était inférieure à 3.10-6 ohm….limite
supérieure jusqu’à 1,5K. »
Ils
n'écrivent pas que la résistance est nulle au-dessous de 4,2 K.
Pourquoi cette prudence ?
C'est
que le phénomène mesuré est absolument inattendu et inexpliqué et
même incompréhensible. La supraconductivité est un phénomène
quantique macroscopique, mais en 1908, elle la mécanique quantique n'a que trois ans et bien
peu de physiciens la maîtrisent. Bien que H.
Kamerlingh Onnes ait sollicité, sans grand succès, Einstein sur le
sujet, il
faudra attendre 1957 pour qu'une théorie microscopique complète voie
le jour, celle de J. Bardeen, L. N. Cooper et J. R. Schrieffer (J.
Bardeen, L. N. Cooper, and J. R. Schrieffer, Phys. Rev. 108,
1175–1204 (1957)).
Cette
découverte est-elle le fruit du hasard ? Evidemment, non. Il
suffit de lire ce qui précède pour s'en convaincre. Elle résulte
de la conjonction de recherches bien précises sur les très basses
températures et sur les propriétés électriques des métaux. C'est
un bel exemple de sérenpidité.
(La
sérendipité
est le fait de réaliser une découverte
scientifique ou une invention
technique de façon inattendue à la suite d'un concours de
circonstances fortuit et très souvent dans le cadre d'une recherche
concernant un autre sujet, c'est une découverte faite par le
concours du hasard mais aussi de la sagacité, Wikipédia).
Kamerlingh Onnes |
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